Parce qu’on n’a malheureusement pas le temps de vous parler en détail de tous les bouquins qui sont passés entre nos mains, ‘On a fait le tri’ revient sur les dernières sorties de la planète Comics.
Thor – Tome 4
Après lui avoir fait affronter le massacreur de dieux, puis le faire participer à une quête au sein d’une compagnie un peu moins unie que celle de l’anneau, Jason Aaron conclue dans ce quatrième tome de Thor les aventures du dieu du tonnerre en l’opposant à des adversaires d’une puissance phénoménale. Réutilisant le principe du double récit mettant en scène Thor et sa version du futur, le scénariste de Scalped construit un récit dont la capacité à nous faire douter de la victoire du héros renforce son caractère épique. Jouant sur un parallèle thématique, Les Derniers Jours de Midgard met en scène, dans le présent, une menace économique et écologique menée par une multinationale (coucou Mosanto) ayant la capacité juridique de détruire une ville. Le futur quand à lui verra la confrontation de Galactus et d’un Thor vieillissant bien déterminé à protéger la Terre, quand bien même celle-ci n’abriterait plus une étincelle de vie. Sublimée par les dessins d’Esad Ribic, cette dernière aventure de Thor avant l’arrivée d’un nouvel avatar, est le clou du spectacle, tour à tour crépusculaire et porteur d’espoir, que Jason Aaron met en scène depuis 2012.
Comprend les épisodes US de Thor – God of Thunder #19 à #25. Écrit par Jason Aaron et dessiné par Esad Ribic
Frankenstein Underground
Caché par l’ombre gigantesque The Walking Dead et souvent oublié (ou ignoré) par des jeunes lecteurs ne jurant que par Urban Comics ou Glénat, le travail remarquable de Delcourt sur toute l’œuvre de Mike Mignola et l’univers Hellboy est un petit modèle de projet éditorial soutenu depuis longtemps. Avec Frankenstein Underground, on plonge une nouvelle fois dans un monde incroyablement riche en créatures et décors. Faisant suite au récit Hellboy : House of the Living Dead (réédité ce mois-ci par Delcourt dans Hellboy au Mexique) et dessiné par Ben Stenbeck, cette minisérie propose les aventures d’une figure tragique, subtil mélange de la création littéraire et de sa version cinématographique. S’inscrivant dans un processus de réappropriation nécessaire à l’existence de toutes créations, Mignola offre un récit sombre et passionnant même pour un néophyte de l’univers d’Hellboy.
Comprend les épisodes US de Frankenstein Underground #1 à #5. Écrit par Mike Mignola et dessiné par Ben Stenbeck
Tokyo Ghost – Tome 1 : Eden Atomique
Malgré les dessins toujours fascinant de Sean Murphy, il faut bien reconnaître que le premier épisode de la nouvelle série de Rick Remender (dont le récent Low laisse clairement sur sa faim) refroidit pas mal les hardeurs pour peu que le lecteur ait un petit bagage de SF. Sorte de mixage entre Akira, Appleseed ou bien encore Wall-E, le futur de Tokyo Ghost sent le déjà-vu et serait bien désagréable si l’auteur de Punk Rock Jesus ne nous éclatait pas la rétine à chaque page. Heureusement, les aventures d’un couple au sein d’une société hyper connectée prennent une tout autre dimension dès le deuxième épisode. En quête d’une nouvelle vie et après la découverte d’une communauté, Led Dent et Debbie Decay vont nous apparaître bien plus touchant et fort. En s’éloignant d’un cyberpunk classique pour arpenter d’autres genres, Tokyo Ghost trouve sa voie et fait plaisir. Comme toujours avec Remender, on saluera cette capacité a ne jamais laisser de pause dans le récit ou de statu quo s’installer.
Comprend les épisodes US de Tokyo Ghost #1 à #5. Écrit par Rick Remender et dessiné par Sean Murphy
Garth Ennis présente Hellblazer – Tome 3
Voici donc le dernier volume de l’édition regroupant les épisodes de Garth Ennis sur une des plus mythiques séries du catalogue Vertigo. Toujours aussi noirs et aussi sombres, les épisodes d’Hellblazer nous plongent dans un nouveau tourbillon dans lesquelles démons, humains machiavéliques et le sorcier punk joueront à savoir qui a la plus grosse. On sent comme un parfum de fin du monde à la lecture de ces derniers numéros. Les amis de Constantine et lui-même vont devoir affronter des épreuves et Steve Dillon accentue parfaitement la souffrance des personnages. Probablement moins intenses que ce qui précède, ces derniers épisodes n’en restent pas moins d’une noirceur et d’une force sans égale. On pense notamment à cette histoire (Hellblazer #129 à #133) de possession d’enfant assez terrible en soi. On retrouve également cet amour et ce besoin pour Ennis de parler de son pays, l’Irlande, plongé alors dans un contexte politique dont les plus jeunes auront du mal à en comprendre la violence et l’horreur. Sans conteste l’un des meilleurs travaux de son auteur dans un bel écrin. On attend avec impatience le prochain auteur à venir dans la collection, à savoir Brian Azzarello.
Comprend les épisodes US de Hellblazer #72 à 83, #129 à #133, Hellblazer : Heartland, et Winter’s Edge #2). Écrit par Garth Ennis et dessiné par Steve Dillon, John Higgins, William Simpson, Peter Snejbjerg et Glyn Dillon
Marvel Classic N°5
Comme toujours, la sortie d’un film de super-héros donne l’opportunité pour un éditeur de proposer des ouvrages multiples, et comme souvent c’est dans les kiosques qu’on trouve la petite perle. L’excellente revue Marvel Classic propose ainsi une série d’épisodes inédits mettant en scène Captain America tel qu’il fut redéfini précédemment par le tandem Roger Stern/John Byrne. Écrits par J.M. DeMatteis et dessiné par Mike Zeck (Secret Wars), les trois premiers épisodes forme une trilogie mémorable dans laquelle le héros à la bannière étoilée se confronte une nouvelle fois à son passé (proche et ancien) et démontre à quel point il n’est pas l’objet propagandiste qu’on aimerait lui faire être. Conçus à la base pour suivre le téléfilm Captain America avec Red Brown dans le rôle titre et très actuels dans la description du pouvoir médiatique, ces épisodes sont un petit régal. Complété par une histoire de réalité virtuelle et un double épisode faisant intervenir le S.H.I.E.L.D. et Spider-Man pour vaincre une armée de robots, la revue constitue un bel échantillon du cycle marquant (mais totalement passé sous les radars en France) de DeMatteis.
Comprend les épisodes US de Captain America #261 à 266. Écrit par J.M. DeMatteis et David Anthony Kraft et dessiné par Mike Zeck